We are delighted to be featured in the 2017 edition of Hors Pistes at the Centre Pompidou, Paris, curated by Geraldine Gomez, which is focused on the subject of “crossings” (traversées).  Symbolically, we have found a discarded boat on the French coast and are creating a full-scale paper reproduction that will be launched in a local canal at the end of our two week residency at the museum.

Projet LES ARCHIPELAGISTES :
« L’île semble avoir une prise indélébile sur l’imagination humaine. Contrairement à la forêt tropicale ou au littoral continental, elle ne peut prétendre à l’abondance écologique ni, en tant qu’espace, avoir beaucoup d’importance sur l’ascendance dans le passé évolutif de l’homme. Son importance réside dans le domaine imaginatif. Beaucoup de cosmogonies du monde, nous l’avons vu, commencent par le chaos aquatique: la terre, quand elle apparaît, est nécessairement une île. La butte primordiale était aussi une île où la vie a eu son début. Dans de nombreuses légendes l’île apparaît comme la demeure des morts ou des immortels. Elle symbolise avant tout un état d’innocence et de bonheur primordial, mis en quarantaine de la mer, par les maux du continent. La cosmologie bouddhiste reconnaît quatre îles de «l’excellente terre» située dans la «mer extérieure». La doctrine hindoue parle d’une «île essentielle» de pierres précieuses pulvérisées sur lesquelles poussent des arbres odorants; Il abrite la magna mater. La Chine a une légende des îles bénies ou des trois îles de Genii qui étaient censées être situées dans la mer orientale, en face de la côte de Chiang-su. Les Semang et les Sakai de Malaisie, habitants de la forêt, conçoivent le paradis comme une «île de fruits» dont tous les maux qui affligent l’homme sur la terre ont été éliminés; il est situé dans le ciel et il se doit d’y entrer par l’Ouest. Certains peuples polynésiens envisagent leur Elysium sous la forme d’une île, ce qui n’est pas surprenant. Mais c’est dans l’imagination du monde occidental que l’île a pris la plus forte emprise envergure. » L’île, Yi-Fu Tuan, Topophilia (1974)

Le mot archipelagiste renvoie à l’archipel, ce mot se défini non seulement comme une constellation d’îles, mais comme les îles et l’ensemble de la masse d’eau qui les relie. C’est une relation symbiotique entre terre et mer. Dans cette vision du monde, une île n’est pas un élément solitaire — on aurait pu dire “isolé” ou “insulaire ” tant l’île est associée à la solitude. L’île fait partie d’un réseau interconnecté, où les voies de mer fonctionnent comme de véritables autoroutes. Nous sommes aussi des îles, mais connecté par nos rêves, nos résistances, nos projets de vivre ensemble et en faisant construire un autre monde pour tous.

Une des idées qui domine le travail de Mare Liberum est que toutes les eaux du monde sont connectés entre elles, et l’eau est un enjeu majeur de ce nouveau siècle. Nous devons cesser de nous considérer comme des êtres insulaires, isolés, mais plutôt de nous penser comme des êtres archipelagiques, connectés par ces bras de mer et ces cours d’eau que nous nous devons de protéger. Dans cette vision, une traversée est une connexion tout autant qu’un franchissement.

MARE LIBERUM :
Mare Liberum est un collectif d’artistes plasticiens, designers et écrivains qui se sont formés autour d’un engagement partagé avec les voies navigables de New York en 2007. Dans le cadre d’une pratique mobile, interdisciplinaire et pédagogique, ils ont conçu et construit des bateaux, publié des fascicules, et des forums éducatifs, et ont collaboré avec diverses institutions et groupes de scientifiques-citoyens afin de produire des conférences, des œuvres participatives et des voyages comme plateformes pour catalyser le changement sociétal.

En 2015-17, Mare Liberum s’engage dans un projet d’art et de recherche participatif intitulé «Water Rites». Engagé dans de multiples sites, Water Rites entre en dialogue avec les communautés fluvio-riveraines menacées par l’élévation du niveau de la mer, La pollution par les micro-plastiques, l’épuisement de la population de poissons et de faune marine, l’acidification de l’eau et les changements climatiques.

Mare Liberum a présenté son travail au Bureau for Open Culture au MASS MoCA, au Neuberger Museum, à Maker Faire, au PsyGeoConflux Festival, à la New School, au Boston Center for the Arts, à EFA Project Space, à Smack Mellon, à Alexandraplatz et au Antique Boat Museum. Des articles sur le collectif sont parrus dans le Boston Globe, Hyperallergic, The Brooklyn Rail, Bad at Sports, The Village Voice, et Vice Magazine, entre autres.

En 2015, Mare Liberum a été finaliste pour le prix C.O.A.L pour l’art et l’environement.

Le collectif est constitué de: Jean Barberis, Benjamin Cohen, Dylan Gauthier, Arthur Poisson, Sunita Prasad, Kendra Sullivan et Stephan von Muehlen.

HORS PISTES :
A chaque édition, le festival de l’image en mouvement, Hors Pistes, imagine un programme croisant les disciplines autour d’un sujet de société. Cette année, il prend pour thème la mer et ses traversées, une actualité qui passionne actuellement et souvent de façon tragique, le monde.

Hors pistes investit les salles et l’espace atypique qu’est le forum-1. Comme pour chaque édition, ce lieu est réfléchi en fonction de la thématique. La traversée prend ici, la forme croisée d’un port et d’une scène de théâtre, étrange figure scénographique qui mêle installations, images, lumières et artistes au travail.

Dans les salles, chaque soir, en entrée libre, ce sont d’autres artistes attachés à la mer qui la raconte.

Comme autant d’odes à sa traversée, magnifiques, enivrantes, terribles et cruelles à la fois. Porteuse d’histoires d’amour souvent, de mythes, de fantasmes, de peurs aujourd’hui, les artistes se sont transformés en conteurs le temps d’une après-midi, d’une soirée pour produire des formes hybrides et libres. 


Autant de propositions tissées autour d’enjeux personnels, intimes, que d’enjeux géopolitiques, internationaux. Les échelles s’entrecroisent, et dessinent une cartographique actuelle de l’histoire de la mer au XXI ème siècle.

Organisateur : DDC / Les cinémas, Sylvie Pras, Geraldine Gomez